Pour la dernière conférence de la saison ,
Jean-Pierre Blazin, archéologue et guide-conférencier, président de l’association « Mémoire des Pays du Guiers »
a montré comment, depuis l’origine de l’humanité, les hommes ont cherché à apaiser les maux dont ils souffraient.
Certains d’entre eux acquirent la capacité de soigner leurs congénères par des plantes ou par d’autres moyens incompris, ce qui leur donna un pouvoir magique. Ces sorciers, ou ces chamans, constituèrent une caste détenant un pouvoir qui se transmit au fil des générations.
Au Moyen Age cependant, sorciers et sorcières furent mal considérés pour des questions religieuses.
Puis ces pratiques, encore longtemps en vigueur dans les campagnes, entrèrent en conflit avec la science enseignée dans les universités.
Pourtant certains furent dotés de dons extraordinaires, comme Maître Philippe de Lyon, qui connut une renommée internationale, ou Pierre Brioude, dont le buste décore la place de son village natal.
Les rebouteux, les guérisseurs de feu, étaient aussi souvent sourciers, encore un don inexpliqué, que le conférencier démontra en faisant faire des exercices étonnants au public, conquis par les nombreuses explications historiques, les anecdotes et les remarquables documents photographiques qui illustrèrent cette captivante conférence.
2 visites :
La maison du Lac à Aiguebelette
et la Maison d’Izieu, mémorial des enfants juifs exterminés en 1944.
Vendredi matin 24 avril 2015, la section culture et découvertes s’est rendue à
la Maison du Lac à Aiguebelette (qui signifie Belles petites eaux) pour une visite guidée dans un espace de près de 1000 m2.
Les participants ont découvert les différents paysages, la vie de ses habitants, les spécificités de son histoire et de son patrimoine ainsi qu’un parcours spectacle unique grâce aux projections audiovisuelles. L’Hydroscope, attraction centrale, avec ses effets spéciaux, brume et vent se mêlent aux images pour nous immerger dans la vie du lac.
Le repas de midi était pris à l’Auberge Campagnarde à Joudin, dans un cadre sympathique, où chaque convive a fait honneur à la morue-aïoli.
Après le café, franchissement du Rhône, direction Izieu dans l’Ain.
Moments de recueillements et d’émotion intense dans cette maison de la tragédie du 6 avril 1944.
Juchée à flanc de montagne, cette maison ouverte sur le paysage et dominant le Rhône est belle. Elle donne l’image d’un havre de paix. Là, des enfants juifs qui venaient de camps d’internement français reprenaient goût à la vie comme le prouvent leurs correspondances, leurs dessins, ils étaient heureux…. Le 6 avril 1944, Jeudi Saint, tous les enfants sont présents. Des camions allemands arrivent sur ordre de Klaus Barbie chef de la Gestapo de Lyon. C’est la rafle…. Le sinistre convoi emmène 44 enfants ainsi que leurs 7 éducateurs… Excepté une adulte, qui put s’échapper, ils furent déportés et exterminés à Auschwitz et à Reval.
« Ne laissons pas le temps faire son œuvre d’oubli, au lieu de faire œuvre d’histoire »
F. Mitterand, le 24 avril 1994 lors de l’inauguration du Musée-mémorial.
La faune sauvage et ses prédateurs, lynx et loup, dans la vallée de la Maurienne.
Elie Charvoz , Lieutenant de Louveterie , a fait revivre la longue histoire de la louveterie qui remonte à l'an 813.
Elle fut créée par Charlemagne , pour s'occuper des loups et protéger les gens et leurs biens dans tout le territoire de la France.
Aujourd'hui les louvetiers sont totalement bénévoles, mais dépendent d'une autorisation préfectorale pour exercer et effectuer toutes les missions ordonnées par l'Administration.
Elie Charvoz présenta des spécimens très rares de la faune sauvage au début de la vie, d'un jour pour certain, ainsi un levreau et un blanchon ( lièvre blanc), des renardeaux et des marmottes et même un marcassin d'avant la naissance.
Egalement des faons, petits cervidés, qui portent des bois tombant et repoussant chaque année, ainsi qu'un chamois, espèce qui porte des cornes, creuses et persistantes, un agneau de mouflon, espèce très prisée par les loups.
Ces loups sont avec les lynx, les prédateurs des espèces citées plus haut et n'ont, eux, aucun prédateur pour les réguler, mis à part l'homme. Si les lynx, solitaires, sont eux peu nombreux et se cachent, les loups, quand à eux, peuvent se rapprocher des lieux habités par l'homme, car c'est là que se trouvent leurs proies.
Les empreintes des lynx se différencient de celles du loup parce qu'elles ne portent pas de trace des griffes, les leurs étant rétractiles.
Tous les détails de la reproduction de cette faune, pour chaque espèce, furent évoqués, depuis les époques de l'accouplement à celles de mise bas, ainsi que leur alimentation.
Un lagopède fut présenté, cet oiseau blanc en hiver et brun en été, selon la durée d'ensoleillement de la journée, qui se camoufle ainsi , dans la neige ou les pierres.
Les rapaces furent aussi abordés, depuis les chouettes, hiboux, faucons et buses, jusqu'aux plus grands, comme le circaète, chassant les reptiles, l'aigle royal, le gypaète barbu, se nourrissant d'os et le vautour fauve, charognard.
Un des conseils donnés par le conférencier, spécialiste de la faune est de ne jamais toucher un petit animal sauvage car sa mère l'abandonnerait aussitôt, le condamnant ainsi à mort.
Un autre, lorsque l'on croise un troupeau gardé par des patous, il ne faut surtout pas courir ( courir déclenche l'attaque, chez de nombreux animaux ), ne pas esquisser de geste de défense, avec un bâton ou une pierre, mais rester calme, leur parler même, d'une voie forte, ferme et autoritaire.
Elie charvoz répondit, tout au long de sa très vivante conférence, aux nombreuses questions posées par une assistance, visiblement très intéressée.
A la découverte du volcanisme
Danielle Trébucq, géographe est venue nous faire partager sa passion, avec de superbes images, sur les volcans dans quelques grandes régions du monde d’intense activité volcanique : le Kamtchatka, les îles Hawaï et l’Islande.
Le volcanisme phénomène connu de tous résulte des mouvements des plaques tectoniques. Les plaques Pacifique, Nord-Américaine, Eurasiatique, Africaine, qui bougent de 1 à 18 cm par an provoquent au niveau des frontières de ces plaques une activité volcanique.
On trouve différents types de volcans selon le mouvement des plaques, le strato-volcan (ou strombolien) avec un cône parfait, le volcan fissural avec un cône écrasé, le volcan bouclier (ou hawaïen) et l’on trouve différents types d’éruption essentiellement liés à la viscosité de la lave.
Notre découverte commence en 2003 sur la péninsule montagneuse du Kamtchaka, à l’extrémité orientale de la Russie, riche de 200 volcans dont une trentaine en activité. Survol en hélicoptère ayant appartenu à l’armée russe, du volcan Semiatchik et du cratère Trostsky 1560 m, découverte du volcan Karymsky, de la caldeira d’Uzon avec une grande activité géothermique ainsi que des paysages lunaires à couper le souffle.
Nous poursuivons notre périple en Islande (2006), pays de glaciers et de volcans bordé par le cercle polaire. Tout le monde se souvient du volcan au nom imprononçable Eyjafjöll qui avait avec ses cendres obscurci le ciel en mars 2010. Nous découvrons le geyser de Strokkur le plus actif d’Islande situé à côté de Geysir qui a donné son nom à ce phénomène. Enfin le Snaefellsjokull est l’un des stratovolcans les plus renommés d’Islande, cela grâce à Jules Verne qui situa l’entrée vers le centre de la Terre au sommet de cette montagne dans son roman «Voyage au centre de la terre ».
Nous nous rendons sur l’archipel volcanique d’Hawaï (2006), au milieu du Pacifique avec une belle végétation tropicale et de vastes volcans boucliers sur le cratère du Pu’u o’o et sommes subjugués par la lave en fusion qui coule en permanence dans l’océan. Puis détour sur l’île de Maui avec le Haleakala dont le sommet culmine à 3055 m est formé par une vaste caldeira de plus de 9 km de long.
Enfin, surprise, notre conférencière termina son exposé par une excellente vidéo montrant l’Etna dans le nord-est de la Sicile, en éruption en mai 2014.
La Turquie et la Jordanie,
à travers un film réalisé par Michel DUPUY, à la suite de 2 voyages effectués en 2011.
La Turquie et la Jordanie, 2 pays du Moyen Orient sont marqués par une riche histoire mais dont l’évolution contemporaine est assez différente.
La Turquie est aujourd’hui un pays en plein essor économique, qui hésite entre la modernité de l’Occident voulue par le père de la Turquie moderne Atatürk après la grande guerre 1914-1918 et ses racines traditionnelles et rurales issues de l’empire Ottoman.
Nous débutons notre voyage par la visite de Istanbul, l’ancienne Constantinople (capitale de l’Empire byzantin devenue sous les Turcs celle de l’empire ottoman), magnifiquement située sur les rives du Bosphore entre l’Europe et l’Asie. Découverte de la basilique Sainte-Sophie, obélisque de granit rose, mosquée Bleue puis, flâneries dans le bazar aux épices et croisière sur le Bosphore.
Après un détour à Ankara, capitale depuis 1923 et la découverte du musée des civilisations Anatoliennes, la route nous emmène en Cappadoce au cœur d’un paysage lunaire, façonné de main de maître par le temps, l’eau et le vent. Entre cheminées de fées et arbres fruitiers, la Cappadoce n’est pas seulement un prodige de la nature, l’homme a su faire sa place, sculptant les pyramides et les falaises d’habitations troglodytes (dont les premières ont été creusées au temps de la civilisation Hittite, il y a 3500 ans), d’églises rupestres ou de villes souterraines. Les églises chrétiennes creusées dans le tuf près du village de Göreme, au XIème siècle sont remarquables.
Antalaya est la capitale de la riviera méditerranéenne : cette grande ville a été une cité prospère au temps des romains et a conservé de beaux vestiges ; c’est désormais une cité balnéaire très prisée par les touristes venus du monde entier qui apprécient la douceur du climat et ses immenses plages de sable fin.
La Jordanie, jeune état dirigé par le roi Abdallah II, fils du roi Hussein de Jordanie, a été au cœur des guerres contre Israël mais souhaite désormais garder une certaine neutralité dans ce Moyen Orient miné par des conflits incessants ; cette position en fait un pays ouvert à l’économie moderne et au tourisme.
C’est un pays montagneux soumis à un climat méditerranéen au nord mais désertique au sud qui possède de nombreux vestiges, souvent très bien conservés, témoignages de la magnificence des civilisations antiques qui ont régné sur le Moyen Orient depuis 3000 ans. Le relief soumis au climat aride a donné de grandioses paysages.
Jerash, grande cité de l’empire romain a laissé des arcs de triomphe, des amphithéâtres, des centaines de colonnes et des temples dédiés aux dieux qui laissent le visiteur dans l’imaginaire de l’opulence de la vie romaine du temps de l’empereur Hadrien.
Plus au sud, l’histoire biblique puis celle des croisades ont laissé des témoignages bouleversants : le Mont Nébo, lieu présumé de la mort de Moïse, le site du baptême du Christ sur le Jourdain, les forts bâtis par les croisés chrétiens et leurs ennemis arabes durant les croisades.
Petra est certainement l’un des sites les plus grandioses du Moyen Orient : c’est au cœur d’un véritable chaos minéral que les riches Nabatéens ont dissimulé leur capitale quelques siècles avant Jésus Christ.
Le désert montagneux du Wadi Rum, secret et mystérieux, rendu célèbre par Lawrence d’Arabie en 1917, offre d’innombrables pitons de grès rose, des arches et des canyons noyés dans le sable ocre où la solitude n’est estompée que par des bédouins très accueillants.
La remontée vers le nord le long de la Mer Morte, dont les berges sont blanchies par le sel, nous permet de terminer agréablement cette découverte de la Jordanie.
Les animaux, chevaux, chiens, pigeons, lors de la première Guerre Mondiale.
Jean-Michel Derex, docteur en histoire, spécialiste de l'histoire de l'environnement , redonne sa place à l'animal en évoquant les liens profonds qui ont uni l'homme à l'animal dans l'horreur de ces quatre années de conflit. Il nous a fait découvrir un aspect inconnu de la Première Guerre Mondiale, celui du rôle joué par les animaux : chevaux, chiens ,pigeons....
Face à cette guerre terrible et cette hécatombe qui marque encore aujourd'hui les esprits avec ses 1,4 millions de morts dont 1/4 des hommes de 18 à 27 ans, pourquoi parler des animaux ?
Rappelons que l'ordre de mobilisation et les réquisitions du 2 août 1914 , concernait aussi les animaux, les voitures, et harnais....1 million de chevaux furent réquisitionnés, immatriculés sur le fer du sabot et tatoués sur la crinière. On les classa en 2 grandes familles : chevaux de selles pour les officiers ( cavalerie, cuirassiers, dragons hussards) , chevaux de traits servant à convoyer les canons de 75 ( 1,6 tonne) et de 155 ( 6 tonnes),des matériaux, des vivres, du courrier...
Prêts à partir sur le front, dans une guerre de mouvements, hissés dans des wagons, changeant de maîtres, de rythme de vie, exposés au bruit ces animaux subirent de violents traumatismes .Ajoutant à cela des problèmes d'alimentation ( fourrage) de chaleur ( 30 à 40° en août) de ferrage, d'improvisation et face aux mitrailleuses allemandes 100 000 chevaux périrent en 6 mois sur une ligne de front de 700 km de Dunkerque aux Vosges.
A partir de décembre 1914 et jusqu'en octobre 1917, on entre dans la guerre de tranchées période durant laquelle l'armée demande de plus plus de chevaux afin de satisfaire l'artillerie et le besoin d'acheminer du matériel, obus en particulier.Face à cette demande , on réquisitionne à nouveau ( impopularité), mais il faut ménager le cheptel national d'où importations de 500 000 chevaux d'Argentine et des Etats-Unis pour un montant d'un milliard de franc-or.
Les pigeons vont faire leur entrée dans cette guerre, certe le téléphone existe depuis 30 ans mais on s'aperçoit qu'il ne fait pas tout ; lignes cassées, hommes tués...Les pigeons serviront à transmettre des messages entre les premières lignes et l'artillerie, ils serviront la nuit, seront embarqués en avion, dans les tanks.
Parallèlement , la société nationale du chien sanitaire , va donner 600 chiens à l'armée française. En première ligne, on trouve des chiens de guet, de garde, sentinelle, ayant bonne vue , bon odorat, bonne ouïe, n'aboyant pas tel le berger Alsacien. En seconde ligne on trouve des chiens de ravitaillement (ravitaillement, vivres...) avec bâts spéciaux ou attelés à de petites voiturettes. Un autre oublié rendra de grands services dans les boyaux des tranchées l'âne avec sa petite taille et sa capacité à se déplacer avec des charges de 80 à 100 kg.
D'autres animaux indésirables font partie du quotidien des poilus : poux , morpions, rats, corbeaux.
La guerre de mouvement reprend de novembre 1917 à 1918, des besoins immenses se font sentir dans la cavalerie et l'artillerie, on recherche de gros chevaux. Cette guerre de mouvement, produit une nouvelle hécatombe, plus que les balles ou les gaz, c'est le surmenage, la malnutrition, les maladies contagieuses qui tuent chevaux, chiens les vétérinaires étant sans moyens et n'ayant pas l'autorité pour agir.
Arrive enfin l'armistice le 11 novembre 1918 , on va se débarrasser au plus vite des bêtes qui coûtent chers: boucherie, bêtes données dans les régions sinistrées, 10 000 chiens cédés aux aveugles et infirmes, pigeons donnés à des clubs de colombophilie dans le nord de la France.
En conclusion, on ne peut que regretter l'ingratitude des français vis- à- vis de ces héros oubliés ( 1,140 million de chevaux , chiens, pigeons, ânes tués ), absents de l'espace mémoriel et de notre littérature. Animaux peu décorés, un seul monument édifié à leur mémoire dans un petit village de la Somme ( contrairement aux anglo-saxons ou allemands)
Bibliographie : HEROS OUBLIES. Les animaux dans la grande guerre . Jean Michel DEREX.( Edition Pierre de Taillac)
Les Jurés Populaires
Juger les crimes : le jury populaire, une tradition républicaine.
Par Jean-Claude BERLIOZ, Avocat général honoraire.
De toutes les juridictions pénales, c’est bien la Cour d’Assises qui est la plus connue des français ; en effet c’est en 1791 que l’Assemblée Nationale Constituante décidait que la justice criminelle serait désormais rendue par un jury composé de citoyens.
Depuis tout a été fait pour populariser cette juridiction tant dans la littérature que dans le cinéma et les médias.
Plus de 220 années plus tard, le jury criminel a survécu ; aucun régime, République, Empire, Monarchie n’a remis en cause cette institution même si au fil du temps le « statut » des jurés a changé, leur nombre a varié ainsi que leurs pouvoirs.
La Cour d’Assises n’est plus un mythe : elle s’est désacralisée, les jurés ne sont plus les « représentants de Dieu sur terre » selon le fameux adage « vox populi, vox dei ». L’infaillibilité du verdict a cessé depuis la loi du 15 juin 2000, une Cour d’Assises d’appel composée de 9 jurés peut juger à nouveau l’affaire criminelle.
Les jurés tirés au sort sur les listes électorales prêtent serment avant de prendre leur fonction. Ils sont placés au côté des juges, et se prononcent sur la culpabilité et sur la peine avec les 3 magistrats professionnels.
Certes le Président aux côtés de ses collègues et de ses « jurés » est toujours la clef de voûte de ce système judiciaire ; en effet il connaît le dossier criminel, préside les débats qui sont oraux et contradictoires et il instruit l’affaire à l’audience ; par ailleurs il « guide » les délibérations où tous les participants votent à bulletins secrets et selon leur «intime conviction ».
Cependant, depuis le 1er janvier 2012, le président ou l’un des assesseurs désigné, rédige la motivation des arrêts.
Certes cette procédure criminelle qui s’est améliorée au fil du temps est encore perfectible.
N’est-il pas souhaitable en démocratie que des citoyens puissent participer à leur justice et ainsi se rendre compte des difficultés de la mission de juger ?
Priver les citoyens de cette prérogative et les justiciables de cette garantie, serait une régression démocratique.
Les échanges avec le public furent nombreux, des questions pertinentes furent posées, de grandes affaires criminelles évoquées (Patrick Dils, Francis Heaulme , Gaston Dominici….) des auditeurs ayant participé à ces jurys apportèrent un éclairage sur la tenue de ces sessions….
L’après midi se terminait de façon conviviale autour du verre de l'amitié et de la galette des rois
Les chemins de St Jacques de Compostelle d’hier et d’aujourd’hui.
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Christophe Batailh, professeur d’Art Roman, a fait découvrir à la nombreuse assistance le chemin de St Jacques de Compostelle, au cours de son histoire et aujourd’hui, établissant un parallèle entre le chemin de Compostelle et celui de nos vies.
C’est vers 810 qu’un moine ayant vu en songe le lieu du tombeau de l’apôtre Jacques, son évêque ,décida de s’y rendre et marqua ainsi le point de départ de ce cheminement, inscrit par l’Unesco au Patrimoine mondial de l’humanité en 1998,
Pourquoi va-t-on à Compostelle?, pourquoi même constate-ton un regain de ce cheminement ?
Car ce n’est pas dans un but sportif, même si l’aspect physique est important. Mais il y a un côté sacré à ce cheminement, même si cet aspect sacré n’est pour certains que profane.
En effet, l’on met ses pas dans ceux des pèlerins qui l’ont fait depuis des siècles, pour aller vers ce quelque chose qui fait avancer, qui fait aller vers un but.
On y va pour dépasser le quotidien de la vie de tous les jours, pour une rupture, pour retrouver l’essence même de l’homme, libéré ainsi de ce confort, qui l’enchaine, sa télévision, sa voiture, par un effort qui permet de retrouver son corps, de se retrouver tout simplement.
. D’ailleurs les marcheurs, du fait de la fatigue, s’allègent souvent de quelques bagages en cours de route, mais ceci est aussi un effet de ce dépouillement du superflu, afin de ne garder que l’essentiel.
Il y a une inversion des valeurs, ce qui est fort, ce n’est pas « d’avoir », c’est « d’être » c’est de retrouver ses racines, de « remettre les pendules à l'heure>.
Si le plus grand nombre des marcheurs est celui des nouveaux retraités, qui ont le temps ou de jeunes, avant de s’engager dans la vie, il y a aussi des personnes qui ont subi un évènement difficile, une rupture, un deuil et vont faire cet effort pour « sortir » physiquement la peine qui est en eux.
Compostelle est en sorte une marche vers l’avenir, vers un autre avenir, qui marque une rupture, un changement dans une vie.
Le conférencier en profita pour montrer et expliquer quelques belles églises romanes du parcours, comme Conques ou St Sernin de Toulouse, ainsi que St Jacques de Compostelle, modifiée en style baroque.
L’évolution du paysage végétal dans la Combe de Savoie
Par Jacky Girel, écologue et ingénieur de recherche à l'Université de Grenoble.
Le paysage de la Combe de Savoie a été fortement modelé par les hommes, au cours de périodes relativement récentes,
c’est ce que Jacky Girel,, a exposé à la nombreuse assemblée, qui n’avait jusqu’à présent peut-être pas mesuré toute l’importance de cette action des hommes sur leur vallée fluviale.
Lorsque l’Isère circulait librement, par différents chenaux, occupant toute la vallée, selon un système dit « en tresse », cette action a porté sur la construction d'ouvrages ponctuels destinés à protégé les zones défrichées et constituant des terres agricoles, inondables certes, mais augmentant néanmoins les revenus des paysans.
L’insuffisance de résultats de ce système amena, au 19ème siècle, à construire un endiguement général canalisant la rivière dans un étroit chenal, libérant ainsi de larges zones de la vallée pour l’agriculture et les activités humaines et permettant d'assécher les marais responsables de la malaria alors en expansion.
Ces terrains furent bonifiés par un "colmatage artificiel" au moyen de déversements d’eau dans des bassins où se décantaient les matériaux fins transportés par la rivière: argiles, limons et sables. Les sables, plus lourds, étaient majoritaires dans les premiers bassins puis respectivement les limons et argiles constituaient les sols des bassins suivants.
Un drainage évacuant le trop plein d’eau paracheva ce grand projet (1829-1900) et, en abaissant le niveau de la nappe d’eau, permit l'installation de nouvelles communautés végétales.
On a ainsi mis en place des milieux complètement différents, par rapport à l’ancien système naturel de tressage.
Ces nouvelles communautés et espèces différent selon leur emplacement dans les zones où se sont déposés des matériaux différents: graviers, sables limons et argiles ou parfois tourbe.
Actuellement, suite à un déficit de matériaux grossiers dans la rivière (dû notamment aux changements de l’utilisation des terres dans la plaine alluviale et des bassins versants et aux extractions dans le lit) ainsi qu'à une diminution des débits de crues annuelles (dérivation et barrages EDF), il y a un encombrement du chenal par le développement d'une végétation forestière accompagnée d'invasives dans le lit même de la rivière, ce qui gêne l’évacuation de l’eau lors des plus grandes crues.
On est alors entré dans une nouvelle phase, qui consiste à désencombrer le lit pour augmenter le débit lors des crues, opération qui est aussi (et fort heureusement) bénéfique aux espèces végétales alluviales rares (comme la petite massette ou le tamarix d'Allemagne) mais qui coûte cher à la société et pose des problèmes d'entretien et donc de financement !
La philosophie et l’enfant
« Les enfants, des êtres à la fois familiers et énigmatiques.
Faut-il considérer leur étrangeté comme un problème ? »
Tel était le difficile, mais intéressant sujet traité par Madame Frédérique David, professeur de philosophie.
Après avoir été présentée par Robert Novel, président du Foyer Rural de Montmélian, Madame David, précise à ses nombreux auditeurs, parents, sinon grands-parents, le sens qu’elle veut donner à sa causerie.
La rencontre avec les enfants, même si elle nous est familière, est toujours une surprise, une source d’étonnement, car ils ont leur propre logique et nous paraissent distanciés du monde qui nous entoure, au contraire de nous qui y sommes pris par nos obligations.
Cet étonnement, c’est l’origine de la philosophie, qui est un questionnement, une interprétation et une réflexion sur le monde, la vie, le sens de l’existence.
L’enfant pose des questions, qui peuvent nous déranger ou nous dérouter, parce que lui aussi, comme le philosophe, veut savoir et comprendre : qu’est-ce que c'est ? pourquoi ?
L’enfant attend des réponses, mais il attend aussi que l’on réfléchisse avec lui, afin de prolonger la découverte et de ne pas l’arrêter par une réponse, qui couperait court à la réflexion.
Dans l’Antiquité et jusqu’au Moyen-Age, on considère l’enfant comme incomplet et en devenir, on doit l’éduquer, sans qu’il ait droit à la parole.
A la Renaissance, on lui reconnaît des potentialités, donc des droits, notamment à être protégé des agressions du monde extérieur.
Mme David explique les différentes façons dont a été perçu l’enfant, de Rousseau à nos contemporains, en passant par Freud ou Alain, et beaucoup d’autres.
La conférencière nous fait remarquer que nous avons tous, en plus des souvenirs d’enfance, des traces brutes encrées en nous-mêmes qui nourrissent notre réel d’adulte et qui sont d’ailleurs utilisées par certains artistes pour construire des œuvres expressives et personnelles.
On peut penser en particulier à l'Art brut.
Ce sujet très riche, après avoir été écouté dans la plus grande attention, donne lieu à de nombreuses questions de la part d’un auditoire conquis, lui aussi en quête de réflexions.
Par ailleurs Madame David a demandé aux élèves de l'école Jean Moulin de lui donner une définition de l'adulte.
Les élèves de Monsieur Prieur se sont acquittés de leur tâche par de jolis petits mots très bien rédigés. Ces textes répondent pleinement aux questions et remarques des personnes présentes. Voici leurs points communs, nous dit Madame David:
1. le soin, l'attention consacrée à la calligraphie font que j'ai reçu ces écrits comme autant de cadeaux, preuves que les enfants sont capables d'un effort gratuit
2. tous insistent sur la gentillesse, la générosité, le savoir, à propos de l'adulte: "ils nous apprennent plein de choses pour être intelligent"
3. le respect que l'on doit à l'adulte: "un adulte est une personne qu'on doit respecter même si ce ne sont pas des gens de notre famille", "je dois respecter ma famille ou n'importe qui, quelqu'un qui marche dans la rue".
4. la responsabilité: l'adulte est quelqu'un qui sait "se débrouiller tout seul" et qui est capable d'aider les autres, de protéger les enfants