Une conférence, dont le sujet était « Le pouvoir de la musique sur notre santé physique et mentale » par Sophie Donnadieu, Maître de Conférences au Laboratoire de Psychologie de l'Université de Savoie Mont-Blanc, a intéressé les membres de la section Culture et Découvertes du Foyer Rural de Montmélian.
La question soulevée était l'étude des effets de la musique sur le fonctionnement du cerveau, de voir dans quelle mesure la pratique musicale pouvait modifier certaines régions cérébrales avec bénéfice et être considérée comme un outil thérapeutique possible pour soigner, ou tout au moins réduire, certains troubles, difficultés langagières, vieillissement cognitif. On observe, en effet, à l'aide de tests opposant musiciens et non-musiciens, que la pratique de la musique entraîne des changements structuraux et fonctionnels plus importants chez les musiciens, des connections avec d’autres aires cérébrales, une stimulation de régions impliquées dans d'autres fonctions comme le langage, la motricité, la mémoire.
La plasticité cérébrale, mécanisme par lequel le cerveau est capable de se modifier lors d'un apprentissage, va se trouver favorisée par la pratique et même par l'écoute de la musique...D'où un intérêt et une recherche renforcés des neuro-scientifiques pour utiliser la musique comme outil de remédiation.
Par exemple, pour aider les aphasiques en leur faisant chanter ce qu'ils ne peuvent plus dire, utiliser le rythme pour faire remarcher de façon plus naturelle des Parkinsoniens, améliorer les troubles phonologiques d'enfants atteints de dysphasie ou de dyslexie.
Ce peut être aussi de permettre une plus grande et plus rapide récupération pour des personnes victimes d'un stress ou d'un AVC grâce à des activités musicales quotidiennes permettant une amélioration de la mémoire à court terme, du langage, de l'attention et du bien-être et également d'apaiser la douleur ressentie permettant ainsi une réduction des médicaments.
On pense également aux effets neurostimulants de la musique qui pourraient permettre une réduction des conséquences du vieillissement en agissant sur l'humeur, la qualité de la vie et les liens sociaux par le biais de chant choral, d'apprentissages individuels ou d’écoute.
Ces perspectives très intéressantes et encourageantes ne doivent pas faire oublier que santé physique et mentale, et amélioration de la vie peuvent également être favorisées par l'investissement dans des activités autres que la musique.
Lors de la dernière conférence du Foyer Rural de Montmélian,
M.Fabien Hobléa, enseignant chercheur à l'Université de Savoie, a présenté le Mont Granier sous le titre énigmatique "Chute et rechutes d'une icône ".
La salle comble témoignait de la fascination des habitants de la zone pour cette montagne mythique et emblématique tant admirée, scrutée et redoutée.
C'est en effet le 24 novembre 1248 qu'a lieu le grand écroulement de toute la face Nord, la plus grande catastrophe alpine de mémoire d'homme, relatée par des chroniqueurs de l'époque, faisant état de 16 villages ensevelis, dont Saint André, et de 5000 morts, chiffre ramené à notre époque à 1000 environ.
Des études faites vers 1998 ont montré que 5 millions de mètres cubes de roches calcaires tombant sur des sols marneux très humides avaient provoqué des coulées impactant 32 km2 sur une épaisseur de 15 à 100 mètres créant les Abymes, paysage à forte valeur patrimoniale.
La face Nord, paroi verticale de 900 m en est la cicatrice et permet de voir la stratigraphie de la montagne et de mieux la comprendre.
Le Granier est un karst alternant parois calcaires et strates de marnes avec toutes les caractéristiques gouffres, fissures, galeries dont 77 km ont été explorées.
Le grand écroulement a laissé une empreinte à travers récits et paysages mais d'autres rechutes ont eu lieu au fil des siècles, sorte de piqûre de rappel pour les habitants .
En 1953, 100 000m3 s'abattent de la face Nord donnant lieu à une surveillance avec, dans les années 90, la pose de fissuromètres et l'observation attentive de galeries grâce à un travail impressionnant alliant géologie et spéléologie.
Plus proche de nous, s'est manifestée une activité intense :
en janvier 2016, 120 000m3 de la falaise nord-ouest s'écroulent
puis le 7 mai, sur la face nord-est, une grosse écaille évaluée à 50 000m3 emprunte le Ravin du Diable avec des blocs formant une plage de dépôt qui le 13 mai se mettra en mouvement par l'action conjuguée des précipitations et du torrent de la Glacière en crue et donnera naissance à des laves torrentielles très dangereuses avançant inexorablement et coupant la route départementale allant de Chapareillan au Col du Granier et la piste forestière
Des conditions climatiques exceptionnelles, une année 2016 la plus chaude en Savoie avec des hivers atypiques, peuvent expliquer cette recrudescence d'activité qui ne peut se justifier par des phénomènes sismiques trop faibles, Des mesures ont été prises par les municipalités concernées et services compétents RTM (ONF), Protection Civile ...pour interdire l'accès aux sentiers de randonnées et lieux situés au-dessous des zones dangereuses et à la croix menacée par de nouvelles fissures et l'on sait ,d'après les estimations du service RTM, que 60 000m3 risquent de tomber ; d'ailleurs de nouvelles chutes de moindre importance se sont encore produites en janvier 2017.
Le Granier est plus que jamais étudié ,des moyens de surveillance-extensomètres entre les parois des fissures- transmettent des mesures en continu grâce à l'installation de panneaux solaires .
La population locale est invitée et même encouragée à communiquer toute observation d'une quelconque modification, participant ainsi à la sécurité générale et développant un intérêt accru et une meilleure compréhension de son environnement .
Sujet original, peu traité, ne pouvait que passionner les membres du Foyer Rural,Section Culture et Decouvertes pour cette rentrée de janvier 2017.
En effet,M.Yannick Grand, professeur agrégé, présentait le résultat de ses travaux d'une dizaine d'années sur le thème espionnage et espions en Savoie sur la frontière italienne, plus spécialement durant la période 1860-1914 .
L'espionnage entre nations voisines qu'il soit militaire, défensif ou économique a toujours existé mais la constitution d'une frontière avec l'Italie lors du rattachement de la Savoie à la France a créé une nouvelle donne et un besoin accru de surveillance réciproque, accompagné d'une suspicion et d'une méfiance nouvelles .
Le tracé de la frontière établi par les militaires des deux pays avec une grande minutie si ce n'est toujours avec justesse ( en témoignent les confusions entre cairns élevés par les bergers et bornes frontières ) aboutit à une cartographie développée .
La crainte de l'autre, le désir de se protéger vont entraîner la construction de bon nombre de cabanes, refuges ,certains à plus de 3000 m d'altitude, occupés toute l'année par des militaires .Ces postes permettent des observations permanentes sur la frontière, visant essentiellement les ouvrages militaires, fortifications, blockhaus, redoutes et les mouvements et entraînements de troupes .
L'incursion en terre étrangère et au mépris du droit des soldats permet une observation plus précise, renforcée par l'utilisation,dès les années 1890, d'appareils photographiques lourds-de 35 à 40 kg -encombrants
car accompagnés obligatoirement de trépieds et plaques de verre de poids équivalent .Notons que ces appareils avaient de forts objectifs permettant de voir avec précision à 24 km de distance et d'autoriser une surveillance très fine .
Parallèlement à ces services officiels de contrôle de la frontière par des militaires,douaniers, organismes de renseignement, va se faire sentir le besoin d'un réseau d'observateurs de "l'étrange", de"l'anormal"recruté dans le peuple savoyard parmi les personnes qui se déplacent pour leur métier, gardes forestiers, agents de la voirie, alpagistes, postiers, facteurs, paysans susceptibles d'observer les déplacements de personnes dans les vallées de Maurienne et de Tarentaise .
Ces excès de surveillances réciproques font de toute personne se dirigeant vers la frontière, un suspect suivi, fiché, objet d'une enquête et de rapports, voire gardé à vue . Les premiers touristes britanniques accomplissant leur tour d'Europe, les premiers alpinistes, les curistes des stations thermales qui commencent à s'implanter se plaignent de cette situation pour le moins fâcheuse et contraignante .Les acteurs du développement touristique voient également d'un mauvais oeil cette "espionite" dont les effets frôlent parfois l'incident diplomatique .
La surveillance de la frontière, une nécessité et une réalité, entraînant une omniprésence des militaires, une implication du peuple fournisseur d'"espions", va contribuer à la politisation des Savoyards et à leur "républicanisation", donc à une intégration renforcée dans leur nouveau pays, la France .C'est peut-être l'une des conséquences les plus intéressantes de cette "espionite" développée à tout-va, car en fait son efficacité reste limitée, voire douteuse :34 affaires ayant donné des suites
diplomatiques et 300 des rapports trop nombreux pour être exploités .
Précision historique, clarté, témoignages apportant une note d'humour à sa présentation, réponses aux différentes questions du public ont fait de cette conférence une réussite
Prochaine conférence : vendredi 10 février " Le Mont Granier chute et rechute d'une icône"
C'est un sujet à première vue difficile car renvoyant à des convictions personnelles, qu'a traité M.Christophe Batailh, philosophe et théologien, dans sa conférence présentée à la section Culture et Découvertes du Foyer Rural .
Il s‘agissait, en effet, de présenter les trois religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam et d'en extraire leurs spécificités tout en soulignant les similitudes et les différences de leur approche du divin
Toutes trois sont appelées "les Religions du Livre" car le livre est leur support, retranscrivant la parole de Dieu mais rapportant aussi les récits, les rites, les débats sur leur contenu, ce qu' on ne retrouve pas dans les autres religions .
C'est dans la Bible hébraïque , la Bible chrétienne et le Coran que sont présentées les trois religions monothéistes.
La bible Hébraïque témoigne de longs siècles d'écriture et rapporte l' histoire du peuple juif que Dieu a choisi et accompagné, le peuple élu .
La Bible chrétienne montre l'universalité du message du Christ, Dieu proche qui ressemble aux hommes .
Dans le Coran, Dieu est présenté comme le seul et l'unique, tout autre, c'est à dire transcendant mais proche.
Des différences donc dans la représentation d'un Dieu selon chacun des monothéismes mais aussi
des similitudes, une unité, un fonds commun- Abraham n'est-il pas considéré comme le père de tous dans les trois religions ?
Après avoir perçu ces ressemblances, avoir souligné que la règle d'or de réciprocité (faites aux hommes ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous) existe dans ces trois monothéismes , que peut- on opposer à des intégrismes prônant la haine et à des réponses fondées sur la peur, le jugement hâtif et l'amalgame si ce n'est une meilleure connaissance des autres mais ce qui se vit actuellement nous permet-il d'être optimistes ?
Une conférence s'est tenue , animée par Gilbert Bosetti, sur son récit autobiographique qu’il relate dans son livre : « Un petit Dauphinois de l’Occupation à la Libération ».
Issu d’une famille de paysans et d’ouvriers émigrés de Suisse et d’Italie, Gilbert Bosetti, dit « Gigi » a grandi à Grenoble durant les années difficiles de l’Occupation et un après- guerre plus réjouissant. L’ascenseur social lui a permis, grâce aux Ecoles normales primaire et supérieure de devenir professeur émérite de l’université Stendhal.
Les années de son enfance mettent en scène Grenoble sous l’Occupation italienne puis allemande, les affrontements entre résistants et collabos, la Libération, le retour de captivité du père après 5 ans d’absence, la lente reconstruction dans le milieu paysan des Terres froides et la banlieue ouvrière grenobloise. Le point de vue très affectif du fils unique retrace en famille, à l’école et dans la rue, les jeux et les larcins d’une bande de quartier, l’éveil de la sexualité, l’attrait du sport. Ce petit monde révolu nous touche encore par l’universalité des étapes de l’initiation enfantine.
Les réflexions de l’adulte sur son comportement d’enfant et celui de son entourage l’ont amené à enquêter sur la jeunesse de ses ancêtres pour découvrir des secrets de famille et un manque du modèle paternel caractéristique de plusieurs générations que l’on ait ou non connu cette époque.
Le conférencier lui-même très ému à la narration de son enfance, a encouragé le public présent et nombreux à retrouver son passé, écrire sa vie ou en immortaliser des étapes importantes car c’est aussi un héritage qu’on laisse à ses descendants et qui leur permettra au fil des générations de garder la mémoire du passé et de leurs origines. Evoquer sa vie n’est pas uniquement parler de soi, mais aussi de la vie autour de soi, car « on sait toujours mieux où aller quand on sait d’où l’on vient ».
Le thème de cette reprise, l’électromagnétique ou comment agir concrètement pour atténuer les effets perturbateurs des ondes chez vous présentée par Bruno Geissert, conseiller en environnement, spécialiste des mesures et des actions de correction et prévention dans l’habitat et les lieux de travail.
Les champs électromagnétiques CEM, suscitent des interrogations et inquiétudes relatives à leurs impacts sur la santé, qui se focalisent en particulier sur les lignes à haute tension et les antennes relais des téléphones mobiles. Les sources d’exposition aux ondes électromagnétiques sont nombreuses provenant de l’environnement immédiat (radio, téléphones sans fil DECT, téléphones portables, tablettes, babyphones, wifi, TNT, Bluetooth….Elles peuvent entraîner de réels problèmes de santé à long terme tels que fatigue, pertes de mémoire, apathie, troubles du sommeil, maux de tête, vertiges, malaises…
L’hygiène électromagnétique consiste à abaisser l’exposition d’ondes électromagnétiques de son entourage direct, pour vivre dans un environnement le plus sain possible, en conciliant le bénéfice des appareils utilisés au quotidien et les ondes qu’ils génèrent par des usages adaptés.
De petits gestes simples peuvent nous aider : gérer le wifi et le désactiver lorsqu’il n’est pas nécessaire, privilégier la chambre : éviter le radio- réveil, le chargeur de téléphone, le babyphone loin de la tête du bébé (ou pas du tout), atténuer les effets des lampes de chevet en vérifiant le sens du branchement afin que la phase soit coupée par l’interrupteur et non l’inverse, utiliser un téléphone filaire, vérifier que les appareils soient reliés à une prise de terre efficace, atténuer les effets des tablettes PC en choisissant un modèle avec ethernet ou utiliser un adaptateur USB-ethernet qui fonctionne sur Ipad, Iphone, choisir les bonnes ampoules, adopter des blocs prises blindés…
Un public attentif et intéressé a suivi avec attention cette conférence, de nombreuses questions furent posées, cette journée se terminait par le verre de l’amitié et pâtisseries autour de Jeannine Delahaye présidente et son équipe.
Prochaine conférence, vendredi 18 novembre : « un petit Dauphinois de l’occupation à la libération ». Gilbert Bosetti, professeur émérite de l’université Stendhal de Grenoble, nous fera vivre, avec beaucoup d’émotions ce récit d’après-guerre.